Roman: Questions d’âme

Le premier roman de Didier Lockwood, à paraître très prochainement.

Eric, 50 ans, se retrouve en transit post-mortem à la suite d’un accident… Il est alors soumis à la « Question ».
Ancien trader devenu photographe d’art, il oscille entre matérialisme et idéalisme, sensé et sensible, âme et esprit… De nombreux thèmes de société mais aussi des réflexions méta-philosophiques sont abordés et développés dans cette communication hors espace-temps d’une conscience qui s’éveille.

Après  “La vie improvisée, profession jazzman”, une auto-biographie éditée par Hachette littérature, Didier Lockwood se livre ici à l’écriture d’un roman “improvisé”. ” Question d’âme” est une réflexion sur tous les sujets qui le passionnent, de la création à la physique quantique jusqu’au destin de l’humanité. Sa pratique de l’improvisation et sa riche expérience artistique lui servent ici de total support d’écriture, donnant à son questionnement teinté d’amour et d’humour une rafraîchissante authenticité. ”

Question d’âme” est un hymne au vivant.

 

Extrait du premier chapitre:

Accueil post-mortem d’Eric

 

Même pas mal ! Juste un peu secoué comme en avion durant un long trou d’air. Comme l’écran de l’ordinateur qui s’éteint dans l’ultime râle du disque dur. L’étape était trop longue, la pente trop raide. Lâché par mon coéquipier en plein col ! Le coup de bambou ! Je me suis arrêté au bord de la route, je cherche mon souffle… je ne le retrouve plus. J’attends la voiture-balai… Un camion poubelle vient de me faucher le jour de mes cinquante ans.

C’est le Noir complet, le fameux tunnel sur les parois duquel se projette le film, ou plutôt le court-métrage de ma vie ; pas très palpitant. Je joue mal ! Aspiré par le faisceau du projecteur, je révise mon histoire. Vigilance, il pourrait bien s’agir d’un énième entretien d’embauche !

Ça y est, je suis sorti du tunnel, je flotte dans un brouillard cotonneux. Je me sens traversé par des flashs de vie, des destins que je n’ai pas vécus. Je me vois vieux au coeur d’une photo de famille prise sous l’enseigne d’une banque portant mon nom ou encore œuvrant pour une O.N.G en Afrique. Des destins que j’aurais pu connaître si mes choix avaient été différents.

Il règne dans cette sphère comme un brouhaha de voix intérieures. Je me souviens de ce silence bruyant lorsque en classe je cherchais à trouver une réponse à la question d’un professeur. Des milliers de pensées s’entrechoquent, dans un tumulte grandissant, j’aimerais faire taire tous ces “moi” qui demandent la parole, c’est la chambre des députés un jour de grand débat, je ne contrôle rien, je suis submergé par ces conciliabules entrelacés, je vais imploser si je ne rétablis pas immédiatement le calme…

SILENCE ! LA FERME !

Pourquoi n’ai-je jamais réussi à me faire de la sorte entendre et respecter dans ma vie ? Fallait-il ne plus avoir peur de la perdre pour oser l’affronter ? Tout s’est calmé. Je n’ai pas le temps de goûter à cette paix retrouvée que me voilà aspiré à une vitesse phénoménale hors de la vaporeuse atmosphère. J’ai la sensation de me retrouver dans une centrifugeuse, une sorte de lavage automatique de cerveau. Chaque seconde de mon existence resurgit comme un geyser de souvenirs oubliés, occultés. Une psychanalyse totale    instantanée. Une remise à niveau fulgurante.

Décélération brutale ! Je reprends mes esprits difficilement. Je stagne maintenant dans un infini multi dimensionnel. J’ai perdu la boussole, la notion du temps. Tout ici se déplie à l’infini, oui c’est ça… des cordes qui se déplient en une multitude de figures géométriques, un kaléidoscope incommensurable, une chrysalide quantique. L’endroit est baigné d’une douce atmosphère qui me rappelle, en plus séraphique, les salons de massages thaïlandais et leur ambiance Nature et Découverte. Tiens, j’ai l’impression que le lavage du cerveau n’a pas été fait à fond !

C’est bizarre, je ne ressens aucune peur, je me sens même en pleine possession de mes moyens, certainement pas prêt à me faire prendre la tête par qui que ce soit ! Je suis en accord avec moi-même comme un piano que l’on vient d’harmoniser. Quelle partition va-t-on me demander de jouer ? Je ne vais pas tarder à le savoir. Une voix des plus étranges, issue des limbes, m’interpelle.

– Bienvenue Éric, m’entends-tu ? Je suis ” La Question “, aurais-tu la gentillesse de bien vouloir me répondre ? – Mais c’est quoi cette histoire ? “La Question” ?… Mais qui me parle ? ….

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