Premier prix Sacem de composition de musique contemporaine à seize ans, Didier Lockwood s’écarte assez rapidement de ce milieu, qu’il considère comme trop clos, pour entreprendre la carrière de violoniste de jazz qu’on lui connaît. C’est à trente-cinq ans qu’il décide, à la faveur d’une commande, de revenir à la composition symphonique. Puis vient son union avec la soprano lyrique Caroline Casadesus (fille du célèbre chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus), pour laquelle il écrira Hypnoses, un cycle de douze mélodies symphoniques, qui le fait renouer avec l’univers classique. Il redécouvre ainsi la richesse du répertoire et écrit à nouveau pour l’orchestre. Son bagage d’improvisateur, qui lui a permis d’acquérir une habile liberté d’expression, rend alors son approche de la composition bien plus facile, plus immédiate. Enfin, sa rencontre avec le génial orchestrateur Hubert Bougis le propulse dans une nouvelle forme de composition.
En effet, Didier Lockwood se prend de passion pour l’outil informatique et y trouve un réel plaisir ludique, un confort certain, pour écrire sa musique. Écrire et surtout entendre simultanément sa création musicale lui fait dépasser ses limites. Il construit ses œuvres, note après note, prenant appui sur son solide réflexe d’improvisateur : Didier Lockwood ne prémédite pas, il navigue à vue.
De plus, son statut de jazzman l’autorise à échapper aux contraintes et aux querelles de style que subissent les compositeurs d’aujourd’hui : il se met ainsi à l’écart de l’impitoyable guerre que se livrent l’atonal et le néo-tonal. Didier Lockwood se veut libre, libre d’employer l’outil musical à son gré et dans son intégralité, libre de se faire plaisir par des phrases tantôt lyriques, tantôt rythmiques ou abstraites, libre mais rigoureux. Respectueux, aussi, de la liberté qu’il laisse à l’auditeur.