« En écoutant le dialogue musical qui s’établit entre Didier et Francis Lockwood, on quitte sur un petit nuage le domaine de l’analyse, de la comparaison, de la critique : quelque chose de sereinement complice s’installe entre celui qui fut le premier mentor du violoniste et son frère de sang, devenu frère de son. Thème et variations, digressions, contrepoint et courses-poursuites : quel mystère pourrait expliquer cette subtile alchimie du risque maîtrisé, si ce n’est une communauté de goûts et d’esprit scellée il y a plus d’un demi-siècle par le lien fraternel ? Quelle autre recette introuvable pourrait rendre aussi riche en concert une formule aussi frugale sur le papier ? Le jazz a souvent produit de grandes paires rythmiques, plus rarement des « couples » gémellaires. Mais a-t-il engendré de vraies fratries de solistes ? Ce n’est pas sûr. Les questions de notoriété ne changent rien à l’affaire : avec Francis et Didier Lockwood, s’ébruite à nouveau un secret bien gardé. Leur duo est un moment rare, un duel gagné à l’amiable, un débat d’ébats qui laisse baba. »